Amadou Téliwel Kaba, le Guinéen d’Adidas : « Faire du sport un moteur d’accélération du développement »
Afroguinée Magazine : Lors de votre récent passage à Conakry, vous aviez pu observer l’état dans lequel le sport guinéen évolue dans sa généralité. Vous qui baignez dans l’univers du football, comment avez-vous trouvé sa potentialité sportive ?
Amadou Téliwel Kaba : Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour en parler en tant qu’observateur mais d’ordre général, il me semble qu’il y a un certain engouement pour la pratique du sport dont je considère la marge de développement comme très grande en Guinée. Déjà, en termes de population, nous sommes très jeunes. Je crois que plus de 50 % ont moins de 18 ans, ce qui représente un atout majeur concernant la pratique. On peut apporter et améliorer grandement le secteur dans toute la composante du sport, parce que ces manquements et dysfonctionnements représentent à mes yeux les opportunités. Bien sûr, il y a des préalables. Tout ne peut pas se faire en même temps.
Mais trois axes de réflexion seraient intéressants à travailler, les infrastructures, les ressources humaines et la gouvernance du sport.
Le sport a toujours une place importante en Afrique, il peut être un outil de conciliation nationale, diplomatique et synonyme d’effervescence sociale, en Guinée il a longtemps été considéré comme un levier du nationalisme, voire du panafricanisme avéré du président Ahmed Sékou Touré, qui s’est appuyé dessus pour reconstruire une certaine identité de la Guinée. On a obtenu de très bons résultats, nos sportifs étaient reconnus et la voix de la Guinée résonnait. Mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui il reste trop peu exploité comme un outil de développement socio-économique. Son poids économique est encore très dérisoire, car il n’est peut-être pas assez structuré dans son approche mercantile, législative et réglementaire. C’est la plupart du temps informel avec des structures à caractère sportif purement associatives, ce qui limite leurs actions. Une niche existe mais sujette à diverses crises socio-politiques et économiques ici et là, qui ne facilite pas ou très peu le développement du sport dit professionnel. Pourtant, dans cette économie de marché sauvage qu’est la mondialisation, il est opportun de construire les bases d’un marché dynamique.
Il y a cependant beaucoup d’initiatives à encourager. Des mécènes qui, avec leurs moyens, contribuent à la création de cet écosystème du sport. Je fais allusion à Antonio Souaré, par exemple, qui est l’un des plus gros mécènes du sport en Guinée. Il amène un certain nombre d’activités autour de son club ; centre de loisirs et sport, une télé spécialisée pour le sport, une boutique d’article de sport. Il y a aussi des marques comme Guisport, Sindio qui sont présentes sur le marché de l’équipementier. Des sociétés de marketing comme Noosecom de Séga Diallo dans les médias, des opérateurs économiques comme Mamadou Diallo et j’en passe qui apportent des solutions à nos besoins, tout ça contribue au développement du sport en Guinée.
L’apport des sportifs internationaux et des anciens dans ce développement n’est pas non plus à négliger dans la mesure où ils sont confrontés ou l’ont été aux mêmes difficultés. Certains contribuent autant que possible au sport guinéen. Le mouvement sportif, des associations sportives font la promotion des bienfaits du sport sur la santé, financent des projets, ils sont encadreurs et parfois administrateurs.
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