Cardiff, hôte de la Coupe du monde des sans-abri 2019
Bénéficiant du soutien de l’UEFA, l’un des plus gros partenaires de l’organisation, la Fondation Homeless World Cup travaille en réseau avec 73 partenaires répartis dans le monde entier et actifs dans le football de rue. Chaque année, la Fondation organise un tournoi d’une semaine, réunissant 64 équipes (compétitions masculine et féminine simultanées) de plus de 50 pays. Ce qui rend cet événement unique, c'est que chaque joueur qui y participe a connu la précarité et la marginalisation. L’édition 2019 s’est tenue à Cardiff, au pays de Galles.
Fahrudin Muminovic figurait parmi les 500 joueurs accueillis cette année. Il est le seul habitant de son village à avoir survécu au massacre de Srebrenica. Il a même témoigné à La Haye. Espérant écrire un nouveau chapitre de son incroyable histoire, il a représenté la Bosnie-Herzégovine à la Coupe du monde des sans-abri 2019.
Muminovic n'avait que sept ans quand il a vu son père se faire tuer aux côtés de plus de 150 personnes de son village lors du massacre de 1995. Caché derrière un écran pour protéger son identité, il a ensuite témoigné contre les responsables de ce massacre devant la Cour internationale de Justice de La Haye, envoyant nombre d'entre eux en prison à perpétuité.
« J'ai passé la majeure partie de ma vie dans des camps de réfugiés, essentiellement sans abri, a déclaré le joueur âgé de 31 ans. En ce moment, je vis avec ma tante, mon oncle et ma sœur cadette. Mais grâce aux dons et à l’action du Forum international de la solidarité (FIS), ils me construisent une maison. ».
Malgré près de deux décennies passées en tant que témoin protégé, Muminovic est fier que son identité ne soit plus un secret. « La plupart de mes témoignages ont été anonymes, mais il y a quelques années, mon histoire a été rendue publique et je suis fier de dire que j'étais ce garçon qui a survécu. Il y a quelques années, il m'était toujours interdit de parler ouvertement de ce sujet. Je suis donc très fier de pouvoir être ici et de raconter l'histoire qui m’est arrivée ainsi qu’à ma famille et mon pays ».
Orphelin après le meurtre de son père et la mort de sa mère quelques semaines seulement après avoir donné naissance à sa sœur cadette, Muminovic s’est tourné vers le football. « Quand je suis à la maison, c’est très difficile parce que c’est un village isolé.
Mais quand je joue au football avec mes copains ou lors de ce tournoi, j’ai l’impression de faire partie de quelque chose de plus grand.
L’un de mes plus grands souhaits était de représenter mon pays dans quelque chose. C’est donc un grand honneur de porter le drapeau sur ma poitrine. Avoir la chance de représenter mon pays à l’occasion d’un tournoi de football est presque aussi important pour moi que d'avoir une maison. À l'avenir, je veux pouvoir raconter une histoire plus heureuse de ma vie. Je n'oublierai jamais mon passé ou ce qui s'est passé, mais je veux écrire mon propre avenir plutôt que d'être défini par les atrocités du passé ».
La prochaine Coupe du monde des sans-abri aura lieu à Tampere, en Finlande, au mois de juin 2020.
[Cet article est tiré de la Revue Inclusion par le sport du Think tank Sport et Citoyenneté.]
À propos de l'auteur
Sport et Citoyenneté est un Think tank créé à Bruxelles en septembre 2007, dont l’objet d'étude est l’analyse des politiques sportives et de l’impact sociétal du sport. Sport et Citoyenneté s’appuie sur dix années d’expertise et bénéficie d’une reconnaissance des autorités publiques et des parties prenantes du sport européen. Il est ainsi régulièrement consulté par les institutions internationales et européennes, les États Membres, le mouvement sportif et la société civile qui le reconnaissent comme un interlocuteur privilégié dans ce domaine.
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