Du sport (et pas que) pour lutter contre l’exclusion dans les « villas emergencias »
L’Argentine est un pays où les inégalités sociales restent présentes. De plus, la ville de Rosario connait ces dernières années une hausse de la criminalité, notamment à cause de l’implantation du narcotrafic dans le pays. Pour contrer les effets néfastes de la pauvreté et enrayer les comportements à risque, la Fondation El Desafio (le défi en espagnol) a développé une approche visant à créer une société plus inclusive où chacun bénéficierait des mêmes opportunités. L’organisation s’attaque directement aux racines des problèmes et considère ses programmes sur le long terme. Entretien avec Lisandro Cucco, le responsable de la communication de El Desafio.
Quelles sont les problématiques sociales et sociétales qu’affronte El Desafio ? Quelle en est l’approche ?
Nous travaillons avec les habitants de la ville de Rosario qui compte environ un million d’habitants. Nous travaillons notamment avec les communautés des quartiers de « La Lata » et de « Moreno », au sud de la ville. De nombreuses familles y vivent en situation de pauvreté et de vulnérabilité sociale au sein d’installations précaires appelées « villas de emergencias ». Très souvent, ces familles n’ont pas accès aux services basiques. Le taux de scolarisation des enfants et des adolescents et le niveau d’alphabétisation des adultes restent bas.
Face à cela, notre approche consiste à travailler sur les véritables causes, à s’attaquer à la racine de ces problèmes pour créer une société plus inclusive où tous auraient les mêmes possibilités de progrès. Pour cela, nous travaillons à partir d’une théorie du changement qui se concentre sur deux axes. « La participation citoyenne » par laquelle nous recherchons l’implication de tous les citoyens (qui ne sont pas forcément en situation de pauvreté) pour en finir avec les préjugés et permettre une véritable inclusion sociale. Et d’autre part, « le développement juvénile » d’enfants et de jeunes âgés de 7 à 18 ans qui vivent en situation de vulnérabilité et d’exclusion en fournissant des programmes visant à accompagner leur développement et leur croissance sur le long terme.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces programmes, et particulièrement sur ceux utilisant le sport ?
Actuellement, nous menons 14 programmes qui utilisent, entre autres, le sport, l’art, la cuisine, la créativité, la photographie afin de développer les compétences de la vie courante des jeunes comme la créativité, la collaboration, l’empathie, une communication efficace et la capacité à résoudre les problèmes. Cela leur permet de maitriser leur présent et de créer le futur qu’ils désirent. Nous avons quatre programmes sportifs utilisant le football pour les garçons et le hockey sur gazon pour les filles. On les sépare par tranche d’âge, en étudiant au préalable les étapes comprenant l’adolescence et la préadolescence pour ensuite savoir comment travailler des compétences spécifiques dans chaque cas.
Quels sont les résultats de ces programmes ?
En ce qui concerne les programmes de développement juvénile, les jeunes qui étaient scolarisés le reste à 100 %, ceux qui ne l’étaient pas retournent en classe à 80%, une assistance soutenue tout au long de l’année dans nos programmes. On assiste à des améliorations des aptitudes et des compétences (71% des jeunes améliorent leur capacité à résoudre les problèmes), en plus se tenir éloignés de situations liées à la violence, la drogue et les addictions.
Quelle est votre opinion sur le sport comme outil de développement ?
Bien pensé et bien planifié, le sport est un outil qui offre de grandes possibilités pour développer les compétences de la vie courante des jeunes. C’est pourquoi notre méthodologie se base sur le sport pour le développement, et non comme une pratique impliquant la concurrence. Notre approche vise à utiliser le sport comme vecteur de développement des participants, qui peuvent considérer que l’adversaire est le principal allié quand il s’agit de développer son potentiel. Nous considérons que la compétition n’est pas un moyen de dépassement mais plutôt qu’elle enlève aux jeunes la possibilité de collaborer. De plus, à travers le sport, on peut créer des habitudes saines chez les jeunes, et de cette manière, les éloigner des addictions ou de contextes de violence ou de criminalité.
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[Ces propos ont été recueillis et traduits de l’espagnol au français par l’Equipe Opérationnelle]
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