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États, sport et soft power
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Si le tout était d’aller voir Usain Bolt courir, Michael Phelps nager, Mayweather boxer, Lavillenie sauter, Eto’o, Ronaldo et Messi dribbler et marquer des buts, cela n’attirerait pas autant les politiques et les investisseurs dans leur « histoire du sport ». Forcément, le sport va au-delà du spectacle et de l’amusement qu’offrent les acteurs sur un terrain.

Ces chasseurs d’organisation de compétitions sportives : pour quels enjeux ?

Pourquoi Paris s’acharne à vouloir accueillir les jeux olympiques ? Cette question de Jean-Christophe Catalon, nombreux sont ceux qui se la posent et se la posent encore. Que l’on soit à Pékin, Athènes ou Rio, on ne peut s’empêcher de se la poser.

Pour certains, c’est un grand risque que l’on prend car les conséquences sont souvent néfastes (dette extérieure de l’État, certaines couches sociales qui en payent le prix…). Jean-Luc Mélenchon semble être de cette trame. Interrogé par Jean Michel Aphatie sur RTL, le 23 juin 2015, l’ancien leader du Parti de gauche (PG) dira sans hésiter que « ça ne sert à rien ».

On dira finalement que cela dépend des sensibilités car ailleurs, on voit en l’organisation des compétitions sportives une occasion en or. « C’est un message totalement géopolitique. Nous sommes une grande puissance parce que nous arrivons à réaliser un grand évènement sportif. Cela relève du soft power, cette capacité à afficher sa puissance par des moyens autres que militaires » disait alors Loïc Ravenel, chercheur au Centre International d’Étude du Sport (CIES).

Il n’est pas inutile de rappeler ce qu’est le soft power. Le soft power, c’est la manifestation de la forme d’incitation, de séduction ou encore d’influence sur le choix des problèmes politiques apparaissant comme prioritaires avec comme impératifs la crédibilité et la légitimité. La séduction étant l’un des aspects fondamentaux de ce concept, la réussite d’un grand évènement séduit justement et confère à la ville, au pays organisateur le statut de puissance au moins symbolique. Par conséquent, cette ville, ce pays attire.

Malgré les couts exorbitants de ces méga-événements et les risques que cela peut comporter, l’appétit des États ne semble guère diminué. Qu’est-ce qui peut pousser aujourd’hui de si nombreuses collectivités à se lancer sur le marché des manifestations sportives internationales ? L’expérience a prouvé que les pays postulants n’ont aucune certitude que les ressources notamment en argent, temps et personnel, investies lors de l’organisation soient récupérées. Les retombées économiques directes, telles que la venue des visiteurs externes semblent  insuffisantes pour justifier cet engouement, d’autant que les expériences passées ont prouvé que le succès financier n’était pas toujours au rendez-vous.

Le Gabon par exemple en sait quelque chose avec la récente coupe d’Afrique des Nations de football 2017. Comme d’autre pays, le Gabon en 2017, tout comme la Grèce aux Jeux Olympiques de 2004 ont connu des déficits. Pourquoi donc vouloir toujours organiser ? L’ancien maire de Montréal, Gérald Tremblay semble avoir la réponse lorsqu’il déclarait, malgré le déficit de 3,5 millions de dollars des Championnats du monde des sports aquatiques en 2005 que Montréal a  accueilli, « Cela valait la peine, un déficit de l’ordre de 4 millions de dollars canadiens ne représente que 0,1% du budget annuel de 4 milliards pour Montréal. Les mondiaux apporteront également une visibilité incroyable pour la ville, une vitrine importante sur le monde ». (Radio-Canada-ca, 31 juillet 2005).