Norma Bastidas : « Grâce au sport, je peux vivre une vie normale »
Dans quelques mois, Norma Bastidas relèvera un nouveau défi : relier le Texas à la Californie en courant. Au-delà de l’aspect sportif, ce projet vise à attirer l’attention sur les questions migratoires et la situation à la frontière américano-mexicaine. Norma n’en est pas à son coup d’essai. Elle a déjà couru plusieurs marathons, un double-marathon en Antarctique et effectué une randonnée de 250 km dans le désert de Namibie. En 2014, elle est entrée dans le Livre Guinness des records, en triplant le record du plus long triathlon du monde. Après avoir nagé, pédalé et couru plus de 6 000 km entre Cancún au Mexique, son pays natal, et Washington D.C, l’ultra-athlète a dédié cet exploit aux victimes de la traite des femmes dans le monde entier.
La résilience par le sport
Norma a commencé à courir pour gérer son stress et son anxiété. La vie n’a pas épargné cette mère de famille monoparentale qui fût victime de violences sexuelles et de trafic d’êtres humains. En repoussant ses limites, Norma démontre que nul n’est déterminé par son passé et témoigne de la force des survivantes de violences sexuelles. Elle considère que la pratique sportive aide à développer des compétences de leadership et à exprimer ses opinions, ce qu’elle ne faisait pas avant de devenir une athlète. Pour Norma, franchir la ligne d’arrivée représente un geste symbolique. « Il est tellement facile de décrédibiliser les capacités d’une femme. Dans le sport, une fois qu’on a passé la ligne, personne ne peut plus rien dire ». Grâce au sport, l’ultra-athlète se dit capable « de vivre une vie normale ».
Le sport au service de la reconstruction physique et mentale
Le sport est de plus en plus utilisé comme outil de soutien psychosocial auprès des personnes souffrant de traumatismes et de troubles de stress post-traumatique. En effet, la pratique sportive impacte positivement la santé émotionnelle et augmente la capacité de résilience. De ce constat est né le projet Fight for Dignity, une initiative lancée par la triple championne du monde de karaté Laurence Fischer, avec le soutien du Docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018. L’action de Fight for Dignity a commencé en République Démocratique du Congo, en partenariat avec la Fondation Panzi qui œuvre à la reconstruction psychologique et physique ainsi qu’à la réinsertion sociale des victimes de violences sexuelles. Dans cet espace protégé, Fight for Dignity propose des séances de karaté adaptées à l’état physique, psychique et social des femmes ayant subi des violences. La start-up intervient aussi au sein de la Maison des Femmes de Saint Denis, en accompagnant les femmes vulnérables par la pratique du karaté.
Fight for Dignity associe la recherche théorique (médicale et psychologique), la pratique sur le terrain et les valeurs du karaté afin de développer une approche interdisciplinaire visant à la reconstruction physique et mentale des femmes victimes de violences. En digne ambassadrice, Norma Bastidas met son expérience et sa détermination au service de ce projet, en tant que porte-parole et consultante.
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