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Pourquoi le stade de France ?
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Le stade de France fut l’un des théâtres des attentats du 13 novembre à Paris. Pourquoi a-t-il été visé ? Pourquoi le sport est-il si souvent la cible du terrorisme ?

Le 13 novembre, à 21 heures 20, une détonation retentit aux abords du stade de France, en plein match France-Allemagne. Deux autres suivent quelques minutes plus tard. La rencontre se poursuit, les joueurs et le public croient avoir entendu le bruit de gros pétards. Ils apprendront, au terme du match, qu’il s’agissait d’attentats suicides.

Ceux-ci ont fait un mort et une dizaine de blessés. Le bilan aurait pu être plus lourd si les terroristes étaient parvenus à pénétrer dans le stade de France. Ces attentats nous rappellent que les grands événements sportifs constituent des cibles privilégiées du terrorisme. Les cas abondent dans l’histoire récente.

Ces actes sanglants qui ont marqué l'histoire du sport

En 1972, aux Jeux olympiques de Munich, huit militants du groupe palestinien Septembre noir s’introduisent en pleine nuit dans le village olympique. Le commando prend en otage onze athlètes israéliens. Il exige la libération de 234 Palestiniens détenus en Israël. Au cours des négociations, les autorités allemandes font mine de lui mettre à disposition un Boeing pour se rendre au Caire. Les forces de l’ordre attirent ensuite les terroristes dans un guet-apens à l'aéroport de Fürstenfeldbruck. L’issue est dramatique : tous les otages sont exécutés avant l’assaut final de la police.

Autre sombre histoire : le 27 juillet 1996, une bombe éclate dans le parc du Centenaire au cœur du village olympique d’Atlanta (Etats-Unis). Orchestré par Éric Rudolph, un militant chrétien extrémiste anti-avortement, l’attentat tue deux personnes et en blesse 111.

Il ne s’agit là que de deux exemples spectaculaires des nombreux attentats qui ont touché le sport au cours des dernières décennies. Deux aspects paraissent déterminants pour expliquer leur récurrence : la médiatisation et l’affluence que connaissent les grands événements sportifs. Les terroristes ont bien compris qu’en les attaquant, ils s’assuraient un écho médiatique important et maximisaient leur chance de faire un grand nombre de victimes.

Un match entre « deux pays croisés » selon l'État islamique

Dans le cas du stade de France, d’autres éléments semblent également significatifs. D’abord, l’État islamique (EI) a justifié les attentats par l’affiche France-Allemagne, qu’il qualifie de « match [entre] deux pays croisés » dans le communiqué diffusé le 14 novembre. Le texte mentionne aussi la présence parmi les spectateurs du président français François Hollande, ciblé pour sa politique étrangère au Moyen-Orient. L’EI accuse notamment la France de « frapper les musulmans en terre du Califat avec leurs avions. »

Certains commentateurs pensent que l’EI s’est délibérément attaqué au sport et au football le vendredi 13 novembre. C’est le cas de Carole Gomez, chercheure à l’Institut de relations internationales et stratégiques. D’après elle, « le sport est perçu [par l’EI] comme un vecteur de cohésion, un symbole fort de l'identité nationale, ce qui permet d'unir un pays, une ville ensemble. »

Le football ciblé par les terroristes?

L’éditeur américain Andrés Martinez estime, quant à lui, que les terroristes s’en sont pris à un match de football, car ce sport représente pour eux, « au même titre que les films hollywoodiens et la musique pop, […] une marque de la puissante influence de l’Occident à travers le monde. » Il poursuit : « Il y a une autre raison plus substantielle pour expliquer [l'action au stade de France] des terroristes, qui veulent déclencher une guerre de civilisations : le rôle singulier du football dans l’union de la culture occidentale à la jeunesse musulmane. »

D’une part, celui-ci est très populaire au Moyen-Orient ; nombreux suivent les championnats européens, diffusés par le réseau de télévision qatari BeIN Sports. D’autre part, selon Andrés Martinez, « la diversité impressionnante du football européen, et de ses équipes nationales, est depuis longtemps une force puissante pour désarmer les sentiments xénophobes et anti-immigrants […] à travers l’Europe. Les immigrants de l’Afrique du nord ne se sont jamais autant sentis les bienvenus en France que lorsque la nation tout entière s’est ralliée derrière Zinédine Zidane, le capitaine de l’équipe de France à la coupe du monde victorieuse de 1998. »

Cette interprétation est intéressante, bien qu’il soit difficile, pour l’heure, de savoir avec certitude ce que les terroristes avaient en tête en attaquant le stade de France. On remarquera néanmoins que ce n’est pas la première fois que l’EI s’en prend à des supporteurs de football. En janvier dernier, des membres de l’organisation avaient exécuté treize jeunes Irakiens qui regardaient à la télévision un match de la Coupe d'Asie des nations. L’EI considère le football comme illicite au regard de la loi religieuse.

Faut-il dès lors s'inquiéter pour l’Euro 2016 à Paris ? sportanddev.org publiera dans les prochains jours la suite de cet article.

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