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Réintégration des rapatriés à travers le sport
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Le programme de PLAY International au Burundi vise à utiliser le sport pour aider les rapatriés à se réintégrer dans leur pays, en se concentrant sur l'autonomisation des filles à travers le sport. Second article consacré au travail de PLAY International avec les populations déplacées et réfugiées.

Le 11 octobre a marqué la Journée internationale de la fille, une journée pour promouvoir à la fois les progrès réalisés en faveur des filles au niveau mondial, mais aussi sensibiliser aux défis singuliers auxquels les filles sont confrontées dans toutes les sociétés. Dans le monde du sport et du développement, le manque d'inclusion des filles est un phénomène que l’on observe depuis longtemps, et qui résulte souvent de pratiques et de normes culturelles et sociétales profondes qui doivent être remises en question et combattues. PLAY International (PLAY) est une organisation non gouvernementale française qui travaille au niveau international sur le sport pour le développement, avec la ferme conviction que le sport peut être un outil et une solution aux défis sociétaux. Cet article, qui fait partie d'une série de deux articles sur le travail de PLAY avec les populations déplacées et réfugiées, vise à mettre en lumière les défis et les solutions apportées à ce groupe particulièrement vulnérable au Burundi.

L'importance de comprendre le contexte local

Chaque région, pays, département et municipalité est différent. Chez PLAY, la réussite de chaque projet repose sur la compréhension du contexte local dans lequel nous opérons. Cela devient particulièrement important lorsque nous travaillons sur des thématiques sensibles et avec des publics vulnérables tels que les populations déplacées.

Le Burundi est un petit pays enclavé d'Afrique de l'Est (27 830 km²), qui est actuellement l'un des cinq pays les plus pauvres du monde. C'est le deuxième pays le plus densément peuplé d'Afrique, dont plus de 65 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, ce qui le classe au 180ème rang sur 186 pays selon l'indice de développement humain. Depuis son indépendance en 1962, la population burundaise a vécu dans un cycle constant de conflits et de pauvreté. Des vagues successives de violence et d'instabilité politique ont conduit plusieurs centaines de milliers de Burundais à fuir vers les pays limitrophes, notamment la Tanzanie et le Rwanda. Avec le retour progressif de la paix et de la stabilité, le Burundi assiste aujourd'hui à un mouvement massif de rapatriés, dont plus de 180 000 Burundais depuis 2017 et une estimation de 1 500 nouvelles arrivées chaque semaine dans les convois du HCR, dans les provinces de Ruyigi, Muyinga, Makamba, Cankuzo, Rutana et Kirundo.

Les défis auxquels sont confrontées les populations déplacées

Leur retour dans leurs provinces d'origine et leur manque d'intégration et d'inclusion constituent de sérieuses menaces pour la stabilité et l'équilibre de certaines communautés. Le manque de services de base s'ajoute aux ressources déjà rares, créant un terrain fertile pour l'augmentation des tensions et l'érosion de la cohésion sociale. Dans les huit provinces identifiées comme prioritaire par PLAY et ses organisations partenaires, CARE International, International Rescue Committee et World Vision, les mouvements massifs des flux migratoires ont également entraîné une aggravation des conflits fonciers et une difficulté à se procurer des documents d'état civil, ralentissant ainsi l'accès aux services de base. S'ajoutant à cet état de vulnérabilité dans lequel se trouvent les populations déplacées, le groupe des filles et des femmes en paie particulièrement le prix. En effet, les femmes et les filles déplacées courent un risque accru d'exclusion en raison de leur faible implication dans leurs communautés. En conséquence, en raison de l'érosion du tissu social, du manque de services préventifs et des normes culturelles patriarcales, ces filles et ces femmes sont souvent victimes de violences basées sur le genre, d'abus, de privation de ressources et d'éducation.

Tous ces problèmes ont été exacerbés par la crise de Covid 19, touchant de manière disproportionnée les femmes et les filles déplacées. Se pose alors la question : comment le sport peut-il faire partie de la solution ?

Une partie de la solution : l'importance d'intégrer plusieurs parties prenantes

S'appuyant sur des expériences passées réussies avec les populations réfugiés et rapatriés au Congo en 2011 et sur le travail réalisé auprès des réfugiés climatiques à Bujumbura en 2014, PLAY travaille aujourd'hui avec les populations déplacées/rapatriées au Burundi en utilisant le sport pour réduire les tensions sociales et renforcer la cohésion communautaire globale et la résilience des populations hôtes et déplacées burundaises. Pour atteindre des objectifs aussi ambitieux, la solution passe par une approche holistique. C'est pourquoi, en travaillant dans le cadre d'un consortium, chaque acteur apporte son expertise dans son domaine respectif. En outre, les actions de PLAY, axées sur le sport, visent à cibler à la fois les secteurs d’éducation formelle et informelle en établissant des partenariats avec des organisations de la société civile, des organisations communautaires et des écoles primaires. En créant cet écosystème d'acteurs, les enfants et les filles déplacés les plus vulnérables peuvent être mieux soutenus.

Une partie de la solution : cocréation de contenu pédagogique sous forme de jeux sportifs

La cocréation et l'adaptation de jeux sportifs au contexte local sont au cœur du projet. Cela se fait au cours d'ateliers de trois jours combinant l'expertise des organisations communautaires, de la société civile ou non gouvernementales ainsi que celle des enseignants, des animateurs et des chercheurs. PLAY forme ensuite les professionnels de l'éducation à la méthodologie et aux jeux développés, qui sont ensuite déployés auprès des populations déplacées et hôtes. Les premiers ateliers de cocréation ont donné naissance à des jeux qui ont pour but d'accroître la coopération entre les filles et les garçons et, surtout, entre les populations rapatriées et les populations d'accueil. Ici, les enfants jouent ensemble à travers des jeux sportifs encadrés par des règles qui incitent fortement à une victoire collective par la coopération et l’inclusivité. En plus de créer une cohésion de groupe entre les genres et les populations d'accueil/de retour, cela accentue également le rôle des filles dans le sport et les positionne en tant que joueuses essentielles de l'équipe, améliorant indirectement leur confiance en soi.

De plus, en utilisant la méthodologie innovante de la « Playdagogie » dans laquelle une phase de débat et de discussion guidée autour d'un thème particulier est menée par l'enseignant/animateur, PLAY est en phase de co-construction de deux jeux sportifs. Le premier aura comme but de lutter contre les stéréotypes que les populations d'accueil peuvent avoir sur les populations déplacées (et vice versa) en raison de leurs différences de langue, d'éducation et de culture générale. Le deuxième vise à illustrer la richesse de la diversité des quatree principales langues parlées : kirundi, français, anglais et swahili et ainsi de priser plutôt que de rabaisser le multiculturalisme présent dans ces communautés.

Une partie de la solution : une approche globale

Il est impossible de changer les normes et les pratiques sociales sans inclure une approche globale et holistique. Ainsi, alors que le projet vise à améliorer la cohésion sociale au sein des communautés, changer l'état d'esprit des garçons vis-à-vis des filles déplacées est essentiel pour réduire la souffrance. PLAY vise donc à attaquer le problème à la racine en travaillant avec des enfants âgés de 9 à 12 ans, un moment crucial de la vie où les stéréotypes négatifs et nuisibles sont formés et intériorisés. Jouer ensemble dans des jeux sportifs guidés s'est avéré être une première étape efficace pour combler les fossés au sein de ces communautés et remettre en question la perception des enfants et des parents. Parallèlement à ces jeux, PLAY atténue l'écart observé entre les sexes, dû au manque de participation des filles aux jeux sportifs, en menant un travail de sensibilisation auprès des parents. S'attaquer au problème sous plusieurs angles a été essentiel pour avoir un impact réel au sein des communautés d’intervention.

Enfin, pour augmenter la participation des filles déplacées aux jeux sportifs, PLAY Burundi a travaillé dur pour inclure et promouvoir de nouveaux ambassadeurs sportifs tels qu'Ornella Haryavimana, une championne de boxe burundaise et olympienne. S’étant battue contre vents et marées pour atteindre ses rêves, son histoire est une source d’inspiration méritant d’être partagé avec toutes filles au Burundi et en dehors du pays.

Pour conclure, le sport est porteur de valeurs universelles. C'est un langage parlé par tous pouvant être une solution puissante pour améliorer la cohésion sociale dans les communautés dans lesquelles nous travaillons. Comme l'a dit Nelson Mandela, « le sport a le pouvoir de changer le monde » et « le pouvoir de guérir les blessures ». PLAY continuera à ancrer cette conviction dans ses interventions en France comme à l’international.

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Cet article été rédigé par Johan Fredsted (Chargé de mission aux opérations chez PLAY International), en collaboration avec Antoine de Kervern (Coordinateur des programmes chez PLAY au Burundi). Johan et Antoine sont tous deux fascinés par l’impact du sport sur la santé physique et psychologique de tous types d'individus et sont de fervents défenseurs de sa place dans le domaine du développement.

sportanddev a publié ce contenu dans le cadre de son partenariat avec le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Pour en savoir plus sur l'utilisation du sport dans le travail avec les réfugiés, veuillez consulter le site du HCR.

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Pays
Burundi
Région
Afrique

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