Roller derby, ce sport qui accepte les hommes

L’équipe de France masculine de roller derby sera à Châteauroux ce week-end, pour tenter de faire aussi bien que les féminines à la Coupe du monde.

En cette journée internationale des droits des femmes, il n’est pas vain de rappeler que le sport a joué un rôle dans l’émancipation féminine. C’est particulièrement vrai au roller derby, sport féminin par excellence, connu, parmi ses adeptes, comme étant « le sport créé par les femmes, pour les femmes ».

C’est en 2000 que naît la version moderne du roller derby, actuellement pratiquée. Et ce grâce à… un homme. Daniel Policarpo, figure brumeuse de la scène musicale texane, recrute des patineuses dans l’idée de créer une rencontre sportive, sorte de spectacle déjanté, qui aurait pris place dans un bar. Il lâche finalement l’affaire, laissant ses recrues à leur propre sort. Un sort à l’heureux dénouement : les patineuses décident de rester ensemble pour se réapproprier le roller derby, ce sport laissé à l’abandon après le choc pétrolier de 1973. Dans les années 1960, il avait permis l’émancipation des femmes homosexuelles et constitué un des rares espaces de professionnalisation sportive des femmes.

Exhibition à Jablonsky ce samedi.

L’envie sera la même. En remettant le roller derby au goût du jour, ses sauveuses veulent en faire une discipline d’affirmation féminine, tendance rock’n’roll.

Malgré tout, le roller derby fait-il fuir les hommes ? Deux décennies plus tard, la réponse est clairement non. Ils ont d’abord fait leur trou en prenant des postes d’entraîneurs, d’arbitres puis, petit à petit, de joueurs, en formant leurs propres équipes, ou en jouant avec les filles au sein de matchs amicaux. Aujourd’hui, le roller derby se distingue nettement des autres sports, et de la société en général : ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Prenez le foot : l’équipe féminine lutte pour se faire une place dans le cœur des spectateurs. Au roller derby, c’est l’équipe masculine qui va tenter de se mettre au niveau de l’équipe féminine. Cette dernière a terminé 6e sur 38 nations à la dernière Coupe du monde. Les hommes eux, la disputeront le mois prochain, à Barcelone.

D’où la raison de leur venue, ce week-end, à Châteauroux, accueillis par l’équipe locale, les Pirnanas, qui leur met à disposition le gymnase Jablonsky pour un dernier stage intensif d’entraînement, encadré par des membres de l’équipe de France féminine. Un match d’exhibition sera organisé samedi, à 16 h, ouvert au public. Les Pirnanas espèrent ainsi créer des vocations afin de constituer une équipe masculine à Châteauroux. Pour le moment, un joueur évolue au sein du club, Jérôme Michaux et dispute des matchs avec l’équipe masculine de Tours, les Track’ass. Côté effectifs masculins, il faut aussi compter sur Benoît Prin, en apprentissage, Ludovic Aymat, qui s’est pris de passion pour l’arbitrage, les entraîneurs, David Brousse et Daniel Van Herreweghe, venus du roller hockey, et Christian Lepinay, membre des Track’ass. Avis aux amateurs !