Sport et homosexualité, entre avancées et balbutiements
Les informations liant sport et homosexualité des dernières semaines ont de quoi désorienter. Que dire lorsque durant la même semaine, le boxeur Manny Pacquiao déclare que les couples homosexuels sont « pire que les animaux » et que dans le même temps Adidas instaure une clause pour protéger les sportifs faisant leur coming-out ? Qu’en est-il de la reconnaissance de l’homosexualité dans le sport ?
Le football, l’enfant terrible ?
Sport le plus populaire du monde rime souvent avec présence médiatique poids lourd. Le football est l’un des sports où les dérapages homophobes sont récurrents. Le ballon rond jouit surtout d’une exposition conséquente dans nos médias, journaux, télévisions ou radios.
Difficile alors de passer à côté de l’affaire Serge Aurier, joueur du PSG, qui a eu des mots peu flatteurs pour son entraîneur sur un réseau social la semaine dernière :
« Fiotte ».
De Roberto Mancini, entraîneur de l’Inter Milan, qui déplora il y a quelques semaines les insultes homophobes de son collègue du SSC Naples, Maurizio Sarri :
« Finocchio » (« tapette »).
Ces deux moments d’actualité, montrent un des volets du rapport que le foot entretient avec l’homosexualité. Un tout autre volet est celui des initiatives pour combattre l’homophobie et les discriminations: la Campagne Football People organisée en janvier dernier, l’organisation d’un match amical entre Manchester United et Stonewall FC (champion du monde des clubs gays). Le football, à l’image de sa société, avance de manière confuse dans la reconnaissance de l’homosexualité dans le sport.
La parole libre
Des incidents ou des déclarations homophobes peuvent toucher tous les sports. Boxe, football, basket,… Nul n’est vraiment à l’abri. Les sorties homophobes s’ébruitent toujours, interrogent, et scandalisent. Une question s’élève alors: faut-il s’inquiéter que des propos homophobes continuent à être tenus ou se réjouir des réactions qu’elles suscitent ? Que des médias, les réseaux sociaux s’approprient de ces propos et provoquent le débat. Que le débat soit vecteur de rassemblement, d’apprentissage et non de rupture. Que les idées homophobes, racistes ou xénophobes soient exposées et décriées. Parfois en sortant des vestiaires, des terrains.
La libération de la parole sur l’homosexualité est parfois difficile. L’initiative d’Adidas de protéger les athlètes acteurs d’un coming-out, en insérant une clause protégeant les sportifs de toute conséquence sur leur contrat suite à cette annonce doit avoir une signification. La fin de la collaboration entre Nike et le boxeur Manny Pacquaio témoigne aussi de l’attention que les partenaires financiers du sport portent sur la question des préférences sexuelles et de la tolérance. Parmi tous les acteurs du sport, le financier dispose peut-être du levier le plus puissant. Pourtant, on ne peut que saluer et souligner le travail fait et qui sera fait par toutes les associations et ONG actives sur cette thématique.
Pour ce qui est d’un bilan définitif sur l’avancée de la cause homosexuelle au sein du sport, on peut d’abord se réjouir que les langues se délient. A l’heure des réseaux sociaux, il est plus facile de donner son avis quelle qu’en soit la nature. Et même si lire le pire paraît difficile et amer, nos réponses doivent être l’indicateur premier de l’avancée de nos luttes.
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