Sport et reconstruction post-conflit en Colombie
En Colombie, les conflits armés ont affecté les communautés dans toutes leurs dimensions, détruisant les liens sociaux, la confiance, l’intégration et le respect d'autrui. Le cycle de violences a fortement touché les enfants et les adolescents ; pendant des décennies, ils ont été exposés aux risques du conflit social qui a fait de 12% de la population de notre pays des victimes directes. Les fils et les filles des parents impliqués dans la guerre, comme militants guérilleros, militaires, paramilitaires ou victimes des actions de groupes criminels, sont aujourd’hui exposés à des cycles répétés de violences. Pour les en sortir, il faudrait régénérer des processus de réintégration et de réparation sociale qui favoriseraient la restauration des droits des membres des communautés marquées par des années de violences.
La sécurité qui concerne les gouvernements est seulement l'un des indicateurs d'une société saine. Au-delà des mécanismes de contrôle, le sol d'une ville ou d’une municipalité dangereuse cache les plaies non cicatrisées d'une société et d’une génération qui ont hérité d’émotions non résolues. Les parents manquent d'outils pour répondre avec assurance à leur environnement, ce qui crée en eux un état de désespoir : ils pensent qu’ils n’ont pas les moyens de changer leur situation de vie.
Aussi, le gouvernement colombien, qui est sur le point de ratifier un accord de paix avec les FARC, devrait parier sur le sport et l’utiliser comme un outil au service la non-répétition des cycles de violences. En effet, couplé à une approche sociale, le sport fournit une structure dans un environnement non structuré, dissipe les craintes d’agression et promeut l'utilisation de mécanismes institutionnalisés de résolution de conflits.
« Lorsque les bases du développement de l'identité sont déficientes, les comportements à risque qui cherchent un profit immédiat augmentent ou s’affirment à travers des actions éphémères qui donnent des sentiments d’accomplissement et de reconnaissance, même si celles-ci sont de nature négative… Dans ces conditions, les jeunes deviennent vulnérables à l’appel de récompenses obtenues à travers des comportements aveugles, irréfléchis, spontanés et accessibles. » (Krauskopf, D., 1994) Cependant, bien que les stratégies de prévention soient particulièrement importantes, il est également essentiel de générer des dynamiques communautaires d’intégration autour d’activités qui favorisent de nouvelles valeurs. Les campagnes de prévention auront ainsi un impact plus important sur le développement des conditions de changements dans le contexte colombien.
Dans cette optique, le sport deviendrait un médium qui crée et consolide des espaces où l’on apprend à participer, à gérer les émotions et à résoudre des conflits. Quand on envisage la reconstruction d'un pays, il faut penser à transformer les habitudes culturelles des communautés en vue de favoriser la coexistence. Cela passe par des pratiques sportives qui promeuvent de nouvelles formes de socialisation et de résolution de conflits, ainsi que par le biais de l'internalisation au sein des communautés des principes véhiculés dans le jeu. Le sport peut ainsi servir de vecteur à la diffusion de nouvelles valeurs communautaires au service de nouvelles réalisations collectives.
[Cet article a été traduit et édité sur la base d'un article paru sur sportanddev.org le 8 décembre 2015.]
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