A Zaatari, le foot a choisi son camp
Une route poussiéreuse au milieu de nulle part. Une chaleur accablante. Du sable, des cailloux et du soleil à perte de vue. Nous sommes à 13 kilomètres de la frontière syrienne, à l'est de Mafraq dans le nord de la Jordanie. Après plusieurs heures inconfortables au cœur d’un convoi transportant 16 journalistes de l’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS), FourFourTwo l’aperçoit enfin. D’abord un lointain mirage qui grossit au fil des minutes. Puis c’est finalement une immense ville qui se dresse devant nous. Des milliers de tentes, de préfabriqués et de constructions de fortune, sortis de terre. Bienvenue à Zaatari, le plus grand camp de réfugiés syriens au monde !
Ils sont 80 000 à vivre ici. Presque deux fois moins qu’en 2015 quand 130 000 personnes avaient trouvé refuge dans ce camp alors que la guerre civile s’intensifiait de l’autre côté de la frontière. Si Zaatari était considéré comme une ville, ce serait la quatrième plus grande de Jordanie. Au-delà de la clôture qui isole complètement le périmètre, il n’y a d’autre horizon que les lignes droites des maisons aux allures de dominos géants. Un décor de film dystopique dans un futur post-apocalyptique. Pour accéder au camp, une autorisation spéciale du gouvernement jordanien a été nécessaire. Les grilles de l’entrée s’ouvrent enfin et on découvre l’une des rues principales de Zaatari.
Des supermarchés, des salons de coiffure et autres épiceries ont fleuri. Depuis sa création en 2012, Zaatari est devenu une ville de facto, possédant sa propre usine de traitement des eaux et son propre réseau électrique. Mais également des hôpitaux, des mosquées, des écoles… Si toute cette infrastructure représente le système nerveux du camp, c’est du côté des terrains de football que bat son cœur. Là, les enfants peuvent temporairement oublier leur malheur et jouer librement, ballon aux pieds.
J’aime le football. J’adore marquer des buts. Je joue tous les soirs avant d’aller me coucher et tous les matins au réveil,
confie Farah Barghash, une jeune fille de 5 ans aux yeux clairs, avec un large sourire. En octobre 2016, elle a fait partie des 250 filles privilégiées qui ont obtenu une permission spéciale pour quitter le camp (pour la toute première fois depuis leur arrivée) afin d’assister au match d’ouverture de la Coupe du Monde féminine des moins de 17 ans, organisée en Jordanie. La mère de Farah, qui officie en tant qu’entraîneur dans le cadre du programme d’entraînement des footballeuses, se souvient de ce bonheur simple. Mais également du jour où elle et sa famille ont dû quitter leur ville natale de Dara (Syrie), après des bombardements. Elle explique comment sa fille de deux ans, effrayée, perdue et en pleurs, s’est mise à suivre un homme qu’elle croyait être son père. « Nous aurions pu la perdre », reconnait sa mère.
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