Autonomiser les communautés : renforcer l’engagement paralympique en Afrique subsaharienne
Le projet Para Sport Against Stigma (PSAS) , qui s'étend de 2020 à 2024, est plus qu'un simple effort de collaboration entre l'Université de Loughborough à Londres, le Comité international paralympique (IPC) et l'Université du Malawi, Chancellor College ; c'est un témoignage du pouvoir de l'inclusivité et de l'impact des sports paralympiques sur le changement des vies. Ses racines remontent aux Jeux paralympiques de Londres 2012, un événement historique qui a mis en valeur les incroyables capacités des para-athlètes et leur potentiel inexploité. Le projet AT2030 PSAS visait à lutter contre la stigmatisation liée au handicap en Afrique en exploitant le pouvoir des parasports pour promouvoir l'adoption des technologies d'assistance (TA), avec pour mission de redéfinir les perceptions du handicap en Afrique subsaharienne. En mettant l'accent sur les aspects cruciaux de la représentation, de l'éducation et de la communication au sein des parasports, ce projet innovant vise à briser les barrières sociétales, rendant ainsi la technologie d'assistance plus accessible et plus largement adoptée.
La recherche a adopté une approche de recherche-action participative, qui impliquait trois cycles avec divers éléments clés.
Cycle 1 : Élargir la portée et renforcer l'engagement de Tokyo 2020
Dans le cadre du premier cycle, des tentatives ont été faites pour étendre la portée de la diffusion de l'événement afin de renforcer la pertinence de l'engagement.
Des projections communautaires ont eu lieu dans les zones rurales des régions du sud, du centre et du nord du Malawi, ce qui a permis de sensibiliser les gens aux parasports et aux athlètes paralympiques. Les gens ont été exposés aux histoires incroyables de ces athlètes, remettant en question leurs idées sur le handicap et les sports pour personnes handicapées. Les participants ont exprimé leur choc, leur étonnement et leur enthousiasme après avoir regardé le contenu. Certains ont même demandé : « Est-ce réel ? Êtes-vous sûr que ce n'est pas faux ? Cela a démontré une culture médiatique et une pensée critique croissantes parmi le public. Les séances de discussion qui ont suivi les projections ont fourni une plateforme permettant aux communautés d'engager des conversations sur le handicap, l'exclusion et le potentiel du sport inclusif. Cela a mis en évidence le pouvoir de la narration à travers les médias, capable de combler les écarts et d’encourager le dialogue. Le contenu paralympique a été présenté aux côtés d'histoires locales, suivi de discussions visant à encourager l'engagement communautaire et à remettre en question les stéréotypes. Theatre for Development, par exemple, a permis aux communautés de générer leurs propres histoires sur les expériences du handicap et l'inclusion dans le sport, qui ont ensuite été présentées à un public plus large, favorisant ainsi la compréhension et le dialogue.
La collaboration avec les diffuseurs du Malawi a fourni des commentaires en langue locale lors des retransmissions paralympiques dans les pays africains, apportant une perspective localisée à l'événement international, favorisant les liens et promouvant l'inclusivité. Le commentaire diffusé à destination de tous les pays africains a été réalisé en France puis envoyé aux partenaires pour diffusion en anglais, français ou portugais. Les commentateurs locaux du Malawi pour les retransmissions de parasports ont apporté au public une perspective unique et pertinente. L'un des commentateurs, réputé pour ses commentaires sur le football, était déjà connu comme la voix du sport, touchant profondément le public, tandis qu'un autre commentateur, une personne handicapée, exerçait une influence significative grâce à une présence radiophonique régulière en faveur des droits des personnes handicapées. Leur utilisation d'expressions locales et d'humour, discutant du potentiel d'augmentation du nombre de nageurs compte tenu de la présence du lac Malawi et plaisantant sur leur participation au basket-ball en fauteuil roulant, a créé un lien puissant et engageant avec le public.
Cycle 2 : Collaborer, Localiser et Faire du Bruit
S'appuyant sur une banque de preuves du premier cycle, la deuxième phase impliquait un atelier avec des organisations de personnes handicapées (OPH), le Comité paralympique du Malawi, des professionnels des médias et des experts en communication pour le changement social. L'accent était mis sur les prochains Jeux de la jeunesse de la région 5 de l'Union africaine, impliquant des pays voisins tels que le Mozambique, le Lesotho et la Namibie, organisés par le Malawi cette année-là, au cours desquels des compétitions para-sportives étaient incluses pour la première fois. L'atelier s'appelait « Making the Noise', avec une boîte à outils disponible pour utilisation. Il visait à générer des idées pour accroître les conversations et la visibilité. Des activités scolaires ont été organisées, notamment des démonstrations de théâtre et de parasports pour promouvoir les histoires des para-athlètes dans les médias. Le rôle des médias dans la couverture des événements parasports est devenu plus courant et plus précieux sur le plan commercial. La couverture médiatique croissante a suscité des appels du public, des parents et des entreprises souhaitant soutenir les parasports. L'implication du gouvernement dans la promotion des parasports a été initiée.
Cycle 3 : Impact politique
Les données probantes des deux premières phases ont joué un rôle crucial dans l’intégration des parasports par le gouvernement dans ses politiques. C'est désormais l'objet de la troisième phase, au cours de laquelle l'équipe exploite les informations recueillies au cours des deux premiers cycles. En intégrant les précieux résultats obtenus précédemment, une collaboration est en cours avec diverses parties prenantes, notamment d'autres ministères et partenaires de développement. Cet effort de collaboration vise à propulser la position du Malawi en tant que force leader dans les sports paralympiques en Afrique subsaharienne, en s'appuyant sur les succès observés et en travaillant à de nouveaux progrès dans ce domaine. La politique nationale du Malawi en matière de handicap stipule désormais qu'une stratégie clé pour atteindre l'objectif politique d'autoreprésentation et de participation consiste à « renforcer l'utilisation du sport comme plate-forme pour sensibiliser le public à l'intégration du handicap ». Les résultats des trois phases alimenteront la mise en œuvre de cette stratégie, soulignant le pouvoir de la participation, du dialogue et de l'inclusion pour lutter contre la stigmatisation liée au handicap et promouvoir l'acceptation des parasports.
Le parcours de mise en œuvre d’approches participatives dans le domaine du sport pour le développement révèle à la fois les défis et l’impact profond qu’elles ont. La recherche-action collaborative, bien qu’elle soit intrinsèquement compliquée et imprévisible, s’avère être une voie cruciale pour créer des connaissances exploitables qui conduisent à un changement durable. Cette approche met l’accent sur la fusion de connaissances diverses, en s’appuyant sur les perspectives et expériences variées des différentes parties prenantes. Établir la confiance, favoriser la collaboration et comprendre l’importance du pouvoir de mobilisation deviennent essentiels au succès de telles initiatives. En s'engageant avec les décideurs politiques et en partageant des preuves, il devient évident que leur ouverture et leur inclusion des parasports dans les politiques nationales résultent de conversations éclairées et d'un plaidoyer fondé sur des preuves. De plus, le rôle des médias apparaît comme une force de transformation, alimentant des récits grand public et socialement précieux sur les sports pour personnes handicapées, avec le potentiel de changer les perceptions et de catalyser le changement social. Leur participation amplifie non seulement les histoires, mais contribue également à légitimer l’importance des parasports dans la société. Essentiellement, c'est cette approche collaborative, inclusive et fondée sur des données probantes qui favorise un espace où des voix diverses sont non seulement entendues, mais où elles participent également activement, jetant ainsi les bases d'un avenir plus inclusif dans le domaine sportif.
À propos des auteurs
Le Dr Jessica Noske-Turner est maître de conférences possédant une expertise dans les médias et la communication pour le développement et le changement social. Jessica enseigne dans les domaines de la communication pour le changement social, des médias mondiaux, des méthodes de recherche et des industries créatives.
Kritika Naidu est une ancienne journaliste de cricket indienne, actuellement à Londres après avoir terminé son master en Sport Business & Innovation à Loughborough Londres. Son expertise porte sur la rédaction, la stratégie de contenu et les médias sociaux.
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