Favoriser l’intégration des demandeurs d’asile à travers l’encadrement sportif
Cet article a été soumis dans le cadre de notre appel visant à remodeler l'avenir du Sport et Développement.
Mis au service de l’intégration des demandeurs d’asile, le sport peut contribuer à améliorer leur santé mentale, à lutter contre les discriminations dont ils peuvent être victimes dans les sociétés d’accueil et à faire évoluer les mentalités. Certaines initiatives, comme la formation qualifiante d’initiateur sportif de l'UNSLL, représentent un pas supplémentaire vers une intégration durable.
Implantée dans le Brivadois (Sud Auvergne, France), La LOCO est une association de proximité qui offre de nombreuses activités pour soutenir l’intégration des demandeurs d’asile. Elle promeut, entre autres, l’inclusion au sein d’associations sportives locales. En partenariat avec l'Union Régionale Sportive Léo Lagrange, affiliée à l’UNSLL, La Loco propose des formations d’initiateurs sportifs au sein du Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA) Léo Lagrange de Saint-Beauzire, en Haute-Loire. Les formations sont mises en place par l'UNSLL, afin d’initier les publics à de nouveaux sports et jeux sportifs.
L’objectif de ces formations est de responsabiliser les demandeurs d’asile et de supporter la rencontre entre les exilés et les autres habitants du territoire. Ainsi, les nouveaux initiateurs sportifs, escortés par des bénévoles de la LOCO, se rendent dans des Accueils de Loisirs et des écoles pour proposer et mettre en œuvre leurs compétences nouvellement acquises auprès des enfants. D’autres projets sont en gestation pour que les initiateurs sportifs accompagnent les aînés de la commune, lors de marches qui allieront culture et sport.
Ainsi, du 30 juin au 7 juillet 2022, plusieurs demandeurs d’asile dont Macan, qui est originaire du Mali, Khaled, qui vient d’Irak, Kinana, Walid et Salah (Syrie), Nesar et Elyas (Afghanistan), sont intervenus au sein de l’école publique de Saint-Beauzire, afin d’initier les enfants à plusieurs jeux sportifs, dont le kinball.
Le sport, première étape d'un parcours d'intégration durable
Investir en faveur des demandeurs d’asile leur permet d’effectuer un premier pas vers l’intégration en France. Nous avons remarqué que les exilés vivent au ralenti dans le CADA. En effet, la réponse aux demandes d’asile tarde souvent à venir. En France, cette attente est accentuée par le fait que les demandeurs d'asile n’ont pas le droit de travailler et que l’aide financière qu’ils perçoivent ne permet pas d’accéder à une vie sociale normale.
Nombreux sont donc ceux qui s’isolent. La dureté de leurs vécus, la rupture avec leur pays et leurs familles font que bien souvent, leurs traumatismes se manifestent la nuit, entrainant des insomnies qui se répercutent dans la journée, en les clouant au lit. Le fait de leur proposer de participer à des activités comme la formation pour devenir initiateur sportif, les aide à sortir de cette torpeur, comme le soulignent les témoignages suivants, recueillis lors de l’intervention dans l’école de Saint-Beauzire :
Tout d’abord, c’était très bien avec les enfants. J’ai passé un bon moment. Quand je reste au CADA, je pense beaucoup et je ressens beaucoup de stress. Quand je joue avec les enfants comme cet après-midi, c’est bien. En plus, notre équipe a gagné. » (Nesar)
L'activité d'aujourd'hui avec les enfants a eu plusieurs aspects positifs pour tous. Pour nous, en tant que réfugiés, en nous aidant à nous intégrer à tous les groupes d'âge en France. Les enfants vont apprendre à nous connaître et savoir que nous sommes des gens bons et coopératifs. Nous ne sommes pas seulement ici pour attendre dans le CADA. Nous faisons diverses activités comme celle que nous avons vécue cet après-midi avec eux. L’objectif de ces activités est de soutenir la rencontre entre les personnes du CADA et les habitants du territoire. Ces rencontres sont bénéfiques pour tous. » (Salah)
Petit à petit, les demandeurs d’asile retrouvent la force d'avancer à travers ces activités sportives. Ils deviennent acteurs de leur propre vie et de celles des autres. Acquérir ce diplôme contribue à renforcer leur résilience. En participant à ces activités, ils réapprennent à se lever et retrouvent un rythme de vie. Cela représente un atout pour leur intégration dans la société française au niveau du travail, des loisirs, comme de la vie citoyenne. Leur engagement en tant qu’initiateurs sportifs leur permet également de participer à la vie associative de la LOCO, en s’impliquant dans d’autres actions. En définitive, le diplôme d’initiateur sportif représente une première étape et leur ouvre le chemin vers une vie sociale et citoyenne au sein de leur pays d’accueil.
______________________________________________________________________________
Didier Luce est bénévole au sein de La Loco, une association de proximité ayant pour objectif de soutenir et d’impliquer les habitants dans l’amélioration de leurs conditions de vie. La Loco contribue, entre autres, à l’insertion à travers le sport des demandeurs d’asile hébergés dans le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) Léo Lagrange de Saint-Beauzire.
- Article connexe : Vu d’Inde : la stratégie 5+5 pour remodeler le SDP
- Article connexe : Le sport, enjeu de lutte contre le réchauffement climatique
- Article connexe : Coopérer, l'autre loi du sport (et du développement)
- Article connexe : S’il vous plaît…dessine-moi un sport responsable, inclusif et…
- Article connexe : Démultiplier l’impact social du sport : défis et perspectives
- En savoir plus sur la campagne Remodeler le Sport et Développement
Activité