L’Olympisme à l’épreuve des nationalismes (Berlin 1936)

L’organisation des Jeux Olympiques de 1936 est attribuée à l’Allemagne en 1931, alors sous la République de Weimar. Quand Adolf Hitler prend le pouvoir en 1933 et instaure le Troisième Reich, le CIO choisit de maintenir l’olympiade berlinoise malgré les inquiétudes. Le régime nazi utilisera les Jeux Olympiques de Berlin en 1936 à son avantage, faisant la promotion du régime notamment à travers la construction d’un impressionnant stade de 120.000 places (photo ci-dessus), d’une piscine pouvant accueillir et d’un village olympique moderne. Durant les deux semaines que durera l’olympiade, toutes les affiches à caractère antisémite, ou militariste seront camouflées par le régime.
D’un point de vue sportif, les Jeux Olympiques de Berlin marqueront la victoire de l’Allemagne nazie avec un total de 89 médailles dont 33 d’or, suivie par les États-Unis (24 en or) et la Hongrie (10). Pourtant, c’est Jesse Owens, athlète afro-américain qui rentrera dans l’histoire en remportera 4 médailles en or sur 100m, 200m, le relais 4x100, ainsi que le saut en longueur, sous les yeux d’Adolf Hitler.
Jesse Owens, ©Wikimedia Commons
Les Jeux de Berlin est l’une des démonstrations les plus flagrantes d’un nationalisme non-déguisé, prétexte aux louanges des mérites d’une Nation, plutôt que d’une célébration des valeurs de l’olympisme. Les Jeux Olympiques étaient de fait une exaltation de la performance physique et individuelle des sportifs incarnées par trois valeurs : « viser l’excellence », « faire preuve de respect » et « célébrer l’amitié ». Ce nationalisme qui interroge d’autant plus sachant qu’une équipe de réfugiés va participer aux Jeux Olympiques de Rio. Qui représenteront-ils ? À l’avenir seront-ils affiliés à leur pays d’origine, à leur pays hôte ou resteront-ils sous la bannière olympique ?
Les Jeux Olympiques sont devenus le lieu d’une réelle compétition entre nations, avec un décompte des médailles, d’un classement des performances sportives nationales. Un état de fait qui poussera des questionnements tel que celui émis par Fernand Lomazzi dans le Bulletin Olympique de 1952 :
« Nous concéderons même que l’intrusion du facteur nationaliste dans le concept des Jeux est probablement la cause la plus directe de leur succès sans cesse grandissant. Mais nous nous demanderons néanmoins si cette formule ne porte pas en germes de graves périls pour l’avenir de l’olympisme. »
Les Jeux de Berlin de 1936 marquent également le début de diffusion télévisée, l’événement étant retransmis localement pour la première fois. Ici encore, le régime nazi se saisira de cette opportunité pour s’autocélébrer à travers le film de propagande « Les Dieux du stade » de Leni Riefenstahl. Encore de nos jours, certaines voix s’élèvent pour questionner le traitement médiatique des JO, en insistant sur le chauvinisme dans les commentaires, l’opposition entre « nos » athlètes et les autres compétiteurs. Ce qui porte à une ultime question : nos attentes nationales auraient-elles pris le dessus sur la performance olympique ?
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