« Les femmes doivent bénéficier des mêmes opportunités que les hommes, dans le sport comme dans la société »

sportanddev : Quels sont les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes dans le football professionnel et qu’est ce qui doit encore être amélioré ?
Sandrine Dusang : La France a connu une belle évolution en matière d’égalité. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire et certains clubs ont besoin d’être plus structurés. Des clubs comme l’Olympique lyonnais, le Paris Saint-Germain ou le Montpellier Hérault Sport Club possèdent une réelle structure professionnelle et font en sorte que les filles en bénéficient. Elles ont besoin d’infrastructures pour progresser. Il faut aussi continuer à structurer les clubs qui sont un peu en dessous, pour rendre les filles plus performantes et le championnat de France plus homogène.
Personnellement, je ne parlerai pas d’égalité salariale mais plus d’équité, et de permettre aux femmes de s’entraîner dans les mêmes conditions que les hommes.
Cela implique qu’elles puissent accéder aux terrains, aux vestiaires et bénéficier d’un staff médical afin que le niveau du football féminin continue à évoluer.
Comment jugez-vous l’évolution de la médiatisation du football féminin ?
Je pense que l’on n’est pas les plus à plaindre, ni en France, ni au niveau du football. Pour un sport pratiqué par les femmes, le football est plutôt bien loti en termes de médiatisation. Le fait que les plus gros matchs soient retransmis sur TF1 et que Canal+ diffuse l’intégralité de cette Coupe du monde atteste d’un développement en la matière. Je pense aussi que les médias ont réalisé qu’il y avait quelque chose à faire dans ce domaine, comme l’on fait les sponsors et les partenaires, et ce, justement parce qu’il existe encore une forte marge de développement. Chez les hommes, tout est déjà en place depuis un certain temps, on reste désormais sur un schéma assez classique. Chez les femmes, les médias et les sponsors peuvent vraiment gagner du terrain, d’où une recrudescence d’intérêt.
Selon vous, est-ce que la Coupe du monde féminine de football 2019 représente un tournant dans l’histoire du football féminin comme a pu le souligner, par exemple, Brigitte Henriques1 ?
Je suis plutôt d’accord avec cette affirmation. On avait déjà constaté un petit boom en 2011 lorsque la France avait accédé pour la première fois aux demi-finales. Cela s’était ressenti au niveau de la médiatisation comme du nombre de licenciées. Bien sûr, le fait que la Coupe du monde se déroule en France va accélérer le développement du football féminin et l’on a déjà pu voir l’engouement qu’elle suscitait auprès du public. Cependant, cet enthousiasme reste assez surprenant car même si l’on s’y attendait un peu, on n’imaginait pas que 10 millions de téléspectateurs regarderaient le premier match, que les stades seraient remplis à chaque match de l’équipe de France et que certains matchs où la France ne jouait pas afficheraient presque complet. Je rejoins les propos de Brigitte Henriques, cette Coupe du monde peut représenter un tournant pour le football féminin, d’autant plus qu’elle aura permis de tester les capacités d’organisation et que les premiers retours sont plutôt positifs.
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