Rider au-delà des frontières : donner du pouvoir aux jeunes réfugiés grâce au sport

Au cœur des camps de réfugiés palestiniens au Liban, les skateboards sont bien plus que de simples morceaux de bois avec des roues : ce sont des outils de transformation. Chez Just.Childhood, une organisation libanaise à but non lucratif, le pouvoir du sport est exploité pour créer des opportunités pour les enfants marginalisés de guérir, de grandir et d’envisager un avenir meilleur. Grâce à leurs programmes innovants de sport au service du développement , les enfants des camps tels que Sabra, Shatila, Borj Barajneh et Mar Elias découvrent de nouvelles possibilités grâce au skateboard, une approche unique et percutante du développement.

Pour les enfants qui ont subi les traumatismes de la guerre, des déplacements et de l’instabilité, le skateboard offre bien plus qu’une activité physique. Il procure un sentiment de liberté, de résilience et de joie. Au-delà de l’apprentissage de figures et de techniques, ce sport inculque des compétences essentielles pour la vie quotidienne, comme la confiance en soi, le travail d’équipe et la persévérance, des qualités essentielles pour surmonter les adversités auxquelles ces enfants sont confrontés, que ce soit sur le skatepark ou en dehors.

Prenons l’histoire de Fatmeh, une fillette de 11 ans qui a fui la violence en Syrie avec sa famille. Dans le skatepark, elle a trouvé non seulement un nouveau passe-temps, mais aussi un espace où ses ambitions pourraient prendre leur envol. Fatmeh rêve de devenir à la fois coach de skateboard et médecin, incarnant ainsi le pouvoir transformateur du sport pour favoriser la confiance en soi et l’ambition.

Tasnim, une jeune fille de 12 ans vivant dans le camp de Borj Barajneh, est un autre exemple frappant. Son amour pour le skateboard a été freiné par le manque de ressources et d’opportunités dans sa communauté, jusqu’à ce qu’elle rejoigne le programme Just.Childhood. Aujourd’hui, Tasnim se lève tôt tous les vendredis pour assister aux séances, sa détermination inspirant ses entraîneurs et sa mère, qui la soutient fièrement dans son parcours. Grâce au skateboard, Tasnim a trouvé une voix et une plateforme pour s’exprimer dans une société qui limite souvent les opportunités des filles.

Yamen, un jeune garçon déplacé de Syrie, est un autre participant dont la vie a été profondément changée par le programme. Grâce à l’initiative Skate and Educate, il a retrouvé des opportunités d’éducation perdues et a développé des compétences de leadership. Pour Yamen, le skatepark est devenu plus qu’un lieu pour apprendre des figures ; c’est devenu un espace pour reprendre confiance en lui et redécouvrir son potentiel.

Au cœur du succès de Just.Childhood se trouvent les entraîneurs qui travaillent sans relâche pour favoriser ces expériences transformatrices. Plus que des instructeurs, ils sont des mentors et des modèles, fournissant non seulement des conseils techniques mais aussi un soutien émotionnel. Leur patience et leur empathie créent des espaces sûrs et inclusifs où les enfants se sentent valorisés et autonomes. Cela est particulièrement important pour les filles comme Fatmeh et Tasnim, qui sont souvent confrontées à des obstacles culturels et sociétaux pour participer à des activités sportives. En créant des environnements qui encouragent les filles à s'épanouir, ces entraîneurs contribuent à démanteler les stéréotypes et à ouvrir la voie à l'égalité des sexes.

Le skateboard en lui-même remet en question les normes sociales plus larges. Il rassemble des enfants d’horizons divers, favorisant l’unité et le respect mutuel. Pour de nombreux jeunes réfugiés, c’est leur première expérience d’inclusion significative. Le skatepark devient une communauté dynamique où les différences se dissolvent et où des amitiés se forment – une puissante leçon de coexistence et d’humanité partagée.

L’impact des programmes de Just.Childhood va bien au-delà du skatepark. En intégrant le sport à l’éducation et au soutien psychosocial, ces initiatives donnent aux enfants les outils nécessaires pour surmonter les défis du déplacement, de la marginalisation et de l’exclusion. La combinaison de l’activité physique, de la résilience émotionnelle et du développement communautaire crée un modèle holistique qui non seulement répond aux besoins immédiats, mais favorise également la croissance à long terme.

En se projetant dans l’avenir, les enseignements tirés du travail de Just.Childhood mettent en évidence l’immense potentiel du sport comme outil de développement dans les régions touchées par les conflits. Avec une planification et une mise en œuvre minutieuses, des programmes comme ceux-ci peuvent aider les enfants à guérir de leurs traumatismes, à renforcer leur résilience et à découvrir leur capacité à diriger et à inspirer.

Les histoires de Fatmeh, Tasnim et Yamen nous rappellent que les changements transformateurs commencent souvent par de petits pas, ou dans ce cas, par une balade dans un skatepark. Entre les mains d’organisations comme Just.Childhood, le skateboard est devenu un vecteur d’espoir, brisant les barrières et construisant des ponts vers un avenir meilleur pour les jeunes réfugiés du Liban. Chaque trick appris et chaque chute surmontée témoignent de la résilience et du potentiel de ces jeunes skateurs, prouvant que même les activités les plus simples peuvent créer un changement extraordinaire.

À propos de l'auteur :

Mahmoud Al Chanati est un Palestinien vivant au Liban et titulaire d'une licence en gestion d'entreprise de l'Université arabe de Beyrouth. En tant que coordinateur du sport pour le développement chez Just.Childhood, Mahmoud est passionné par l'utilisation de l'éducation et du sport comme outils de transformation pour autonomiser la prochaine génération, favoriser la résilience et susciter des changements positifs dans les communautés marginalisées.